Page 12 - Brochure Reynaldo Hahn
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            Plusieurs œuvres de Proust sont liées à Hahn. C’est le cas de la nouvelle
          La Mort de Baldassare Silvande, vicomte de Sylvanie, achevée en octobre
          1894 et dédiée «  à Reynaldo Hahn, poète, chanteur et musicien  »,
          dont le personnage principal est un violoniste compositeur. Une autre
                                                        er
          nouvelle, L’Indifférent, parue dans le numéro du 1  mars 1896 de La Vie
          contemporaine et Revue parisienne réunies, a pour héroïne Madeleine de
          Gouvres, qui ressemble, dans sa loge à l’opéra, à celle de L’Île du rêve : « à sa
          chevelure noire aussi elle avait attaché quelques catléias qui suspendaient
          à cette tour d’ombre de pâles guirlandes de lumière. Fraîche comme ses
          fleurs et comme elles pensive, elle rappelait la Mahenu de Pierre Loti et de
          Reynaldo Hahn par le charme polynésien de sa coiffure. » Citons enfin, le
          roman d’inspiration autobiographique que Proust commence en 1895 et
          qu’il laissera inachevé, Jean Santeuil, où il souhaite, par convenance, que
          Reynaldo Hahn soit présent « tout le temps mais comme un dieu déguisé
          qu’aucun mortel ne reconnaît  ». On le retrouve principalement sous
          les traits du meilleur ami de Jean, Henri de Réveillon, mais aussi de sa
          maîtresse Françoise, du marquis de Poitiers et du compositeur Daltozzi.

            Pendant leur liaison, Hahn dédie à son ami écrivain l’une de ses
          illustrations musicales pour orchestre sur le roman de Maurice Barrès
          Le Jardin de Bérénice, ainsi qu’une mélodie avec chœur sur un poème de
          Leconte de Lisle, À Phidylé ; il entreprend un Trio pour violon, violoncelle
          et piano inspiré par leur amour et, surtout, compose quatre pièces pour
          piano d’après des poèmes que Proust a consacrés vers 1891 à Cuyp,
          Potter, Van Dyck et Watteau, les  Portraits de peintres. Cette unique
          œuvre commune, qui s’inscrit dans la mouvance de la fusion rêvée entre
          les arts et sera incluse dans le recueil Les Plaisirs et les Jours, est créée
          chez Madeleine Lemaire le 28 mai 1895 par l’acteur Charles Le Bargy et
          Édouard Risler au piano.


            L’été qui suit, après avoir visité les Daudet à Champrosay, puis séjourné
          à Dieppe chez Madeleine Lemaire du 7 au 30 août, le couple part début
          septembre pour la Bretagne : Auray, Quiberon, Belle-Île-en-Mer – où ils
          n’ont pas la possibilité de rencontrer Sarah Bernhardt –, Concarneau et,
          enfin, Beg-Meil. Une station balnéaire encore naissante fréquentée surtout
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